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NOS, dix ans de retard rattrapés par une stratégie technique ambitieuse

NOS, dix ans de retard rattrapés par une stratégie technique ambitieuse

En 2014, ZON Multimédia fusionne avec Optimus.

Sur le papier, ça devait créer un “champion national”.
En vrai ? Une fusion bancale, un réseau en carton, et des clients qui fuient dès qu’ils peuvent. Pendant des années, NOS a bricolé. Mais à force de perdre du terrain, il a bien fallu faire quelque chose.
Spoiler : ça a pris 4 ans pour se réveiller.


Réseau hérité : du coaxial moisi et du mobile sous-dosé


Côté fixe, on commence avec un beau cadavre : du HFC (coaxial), hérité de ZON.

  • Débits asymétriques ridicules,
  • Saturation dès 18h,
  • Instabilités chroniques.

La fibre (FTTH) existait déjà à l’époque… mais uniquement dans quelques quartiers neufs, pour le reste du pays, c’était coax ou rien, parce que l’ancienne fibre FTTH de Clix/Optimus (Sonaecom) avait été vendue à Vodafone juste avant la fusion.
Dans les zones sans HFC, c’était encore plus folklorique.

  • Internet fixe via 4G (déjà en sature),
  • Téléphonie sur 2G ou 3G,
  • TV par satellite, parce que pourquoi pas.

Mais cette approche hybride montrait vite ses limites, la 4G était déjà sous pression, et l’usage en mode fixe ne faisait qu’empirer la situation le résultat un réseau mobile inutilisable, même pour les usages les plus simples.

Souvenir de 2016 : offre internet fixe via 4G de NOS, en heure de pointe...

Côté mobile, c’était pas plus glorieux :

  • Équipements antiques,
  • Peu de sites actifs,
  • Couverture très variable selon les régions.

Certaines zones vivaient en saturation permanente, d’autres sans aucune barre réseau. L’ANACOM inflige plusieurs amendes entre 2015 et 2018, citant non-respect des engagements, qualité de service catastrophique et pratiques commerciales borderline.

2018 : réveil brutal et plan de sauvetage

En 2018, NOS change de cap et lance un ambitieux programme de modernisation, avec plusieurs axes clés :

  • Fibre FTTH partout : 92,3 % du pays couvert en 2024.
  • Réseau mobile modernisé :
    • Partenariat avec Ericsson pour la radio (hors Lisbonne),
    • Solutions RAN de Nokia conservé dans la région de Lisbonne.
  • RAN Sharing avec Vodafone :
    • Trois zones : une NOS, une Vodafone, une sans mutualisation.


5G et cœur de réseax


La 5G est lancée en 2021 au Portugal mais en mode NSA (Non-Standalone), encore dépendante de la 4G, c’est en septembre 2024 que NOS passe à la 5G SA (Standalone), avec un cœur de réseau fourni par Nokia, des tests intensifs ont précédé le lancement, notamment lors du festival NOS Alive.

2018–2024 : 500 millions pour rattraper dix ans de retard

Entre 2018 et 2024, NOS investit plus de 500 millions d’euros dans son réseau

Spectre : un portefeuille stratégique et équilibré

NOS dispose aujourd’hui d’un portefeuille fréquence bien structuré :

  • 700 MHz (10 MHz) 5G indoor
  • 800 MHz (10 MHz) 4G
  • 900 MHz (10 MHz) 5 Mhz pour 2G, 5 Mhz pour 4G
  • 1800 / 2100 / 2600 MHz (20 MHz chacun) 4G
  • 3,5 GHz (100 MHz) 5G

Ce mix permet une couverture nationale efficace et des performances adaptées à tous les scénarios.

Comparatif avec les autres opérateurs?

Digi

Depuis le rachat de NOWO, Digi a récupéré un portefeuille fréquence modeste, principalement concentré sur les bandes hautes :

  • Pas de 700/800 MHz donc couverture en indoor limitée.
  • 900 MHz : 3 MHz utilisés pour la 4G.
  • 5G activée sur 2600 MHz TDD (n41) et 3,5 GHz, mais avec une densité de sites encore trop faible, rendant la couverture en 3,5 GHz presque inexistante dans les faits

Digi mise sur une stratégie d’extension rapide, mais reste dépendante d’une couverture partielle et d’une fragmentation du spectre.

Vodafone

Vodafone bénéficie du RAN Sharing avec NOS, ce qui améliore la couverture dans certaines zones, toutefois, en dehors de ces zones :

  • Beaucoup de sites n’utilisent pas toutes les bandes disponibles,
  • La bande 2600 MHz TDD (B38), pourtant utile pour la densification, n’est pas exploitée,
  • La 5G est souvent limitée à 300 Mb/s dans les forfaits ou meme pire a 10 Mb/s bridant son potentiel.

MEO (Altice Portugal)

L’interdiction des équipements Huawei en 2023 a profondément affecté MEO, qui utilisait exclusivement du matériel Huawei pour sa couche radio (RAN), depuis, l’opérateur a entamé une migration progressive vers des équipements Nokia, mais cette transition reste complexe et lente :

  • En 2025, seulement 1 562 sites 5G actifs sur plus de 5 400 recensés (environ 30 % de couverture nationale),
  • Des zones rurales encore non couvertes ou dépendantes d'antennes 4G réutilisées,
  • Une priorité donnée aux grandes villes pour la bascule vers Nokia,
  • Des coûts opérationnels et logistiques élevés qui freinent le rythme du déploiement.

Pendant ce temps, Digi nouvel entrant au Portugal a adopté une stratégie de déploiement agressive et a déjà dépassé MEO en nombre de sites 5G actifs, avec plus de 2 130 antennes opérationnelles, grâce à une infrastructure neuve et une planification optimisée, Digi a pu avancer rapidement sans les contraintes d’un réseau à moderniser.

Le contraste entre les deux opérateurs est saisissant : MEO, pourtant historique, se trouve désormais devancé sur le terrain de la 5G par un acteur low cost arrivé récemment sur le marché.

Conclusion : NOS, pas parfait, mais bien positionné

Alors que le marché portugais est structuré autour de deux acteurs historiques MEO, anciennement Portugal Telecom (aujourd’hui Altice Portugal), et Vodafone et d’un nouvel entrant low cost, Digi Portugal, c’est NOS qui tire son épingle du jeu sur le plan technique.

Grâce à une stratégie de modernisation anticipée, l’opérateur a su construire une infrastructure homogène, performante et tournée vers l’avenir :

  • Réseau 5G SA (Standalone) activé,
  • Déploiement massif de fibre XGS-PON,
  • Couverture radio optimisée grâce à un spectre équilibré.

Mais surtout, NOS a eu la lucidité d’investir avant l’arrivée de Digi, sans cette vision stratégique, l’opérateur aurait pu se retrouver en difficulté, avec un réseau hérité et des offres techniques peu compétitives face à un concurrent extrêmement agressif sur les prix.
Cet investissement préventif lui a permis de consolider sa position à un moment clé du marché, en face, Digi progresse rapidement mais reste limité par un spectre fragmenté et l’absence de bandes basses, ce qui pénalise sa couverture en intérieur. Vodafone, hors des zones partagées avec NOS, peine à maintenir une continuité de service de niveau national, quant à MEO empêtré dans la migration post-Huawei, il accuse un net retard sur la 5G.

Dans ce paysage en pleine mutation, NOS apparaît aujourd’hui comme l’opérateur le plus techniquement avancé du pays.

Reste à savoir si cette avance pourra se maintenir dans les prochaines années, face à une pression tarifaire toujours plus forte et à l’essor de nouveaux modèles économiques dans les télécoms.